Visite de Bruges, la nouvelle place forte du football belge (2025)

On nous avait dépeint les Brugeois comme peu accueillants. La fiente reçue sur le pied au sortir de la gare et l'humeur bougonne des serveurs des estaminets locaux nous ont plutôt confortés dans cette opinion. «A shithole » ( « un trou ») disait Ray, personnage incarné par Colin Farrell dans Bons baisers de Bruges.«Ray, on vient juste de descendre du train. On ne pourrait pas garder nos jugements sur la ville pour plus tard, putain?»

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Le ton de Ken (Brendan Gleeson) est virulent mais le fond pertinent: les mélodies farfelues du carillon du beffroi et l'odeur caractéristique des frites belges cuites deux fois et à la graisse de boeuf nous font déjà sourire. Les rencontres chaleureuses autour du stade Jan-Breydel, son ambiance familiale surannée et la splendeur tout autour - celle des lotissements rouge-orange-blanc bercés par le slalom des cours d'eau jusqu'au centre-ville -, achèveront de nous séduire.

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En revanche, pas de foot pour l'instant. Un podium attire l'oeil sur la Grand-Place mais il est destiné au départ du Tour des Flandres, prévu dans sept jours, que remportera Tadej Pogacar. On entame la «semaine sainte», un enchaînement de plusieurs courses belges sacrées auquel ne participe pas Remco Evenepoel qui a failli devenir footballeur pro avec Anderlecht.

«Le cyclisme a toujours été important en Flandres, les journaux sportifs consacrent la plupart de leurs pages au vélo, nous explique Dries Vanysacker, historien du sport local. Mais à Bruges, c'est plutôt le foot qui est central.» Direction le quartier de Saint-André, à 4km, pour se mettre dans l'ambiance du «Topper», la rencontre entre le FC (ou Club) Bruges et Anderlecht, les deux équipes dominantes depuis plus de cinquante ans.

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Visite de Bruges, la nouvelle place forte du football belge (1)

À Bruges, les canaux de la Venise du Nord constituent un passage obligé. (Léo Aupetit/L'Équipe)

Le coup d'envoi est prévu à un horaire de District ou de kermesse. 13h30 un dimanche. Un soleil de printemps, une main pour la Jupiler, l'autre pour un sandwich, des enceintes crachent un peu de gabber (un genre de techno hardcore): une certaine idée de la Belgique.

Ennemis mais solidaires

Mais impossible de s'immiscer dans une conversation. Les visages fermés et les mots insaisissables des Flamands sont intimidants. Le rendez-vous avec Philip devant la boutique du Club nous sauve: le Tournaisien est président de la Wallonia Bruges Army, un groupe de supporters francophones du FCB.

Il rassure: «En tribunes, il n'y a aucun problème en tant que Wallon. La dernière fois, un gars d'Alost (Flandre-Orientale) m'a dit: "Respect, vous venez de loin!" "Ben non, je viens de Tournai, ce n'est qu'à trois quarts d'heure!" Sa réponse: "Tiens, v'la à boire!" Quand on fait l'effort de parler leur langue, il n'y a aucun souci!»

Tout savoir sur Bruges avant de s'y rendre

BRUGES, Belgique. Population: 120000 habitants. Température moyenne l'hiver: 4°C. Température moyenne l'été: 18°C. Ensoleillement: 5heures par jour en moyenne. Précipitation: 108 jours de pluie par an. Décalage horaire: aucun. Distance Paris-Bruges: 268km. Voiture: 3h30. Train: 2h45 (avec une correspondance à Bruxelles). Prix du billet de train: 180-200euros l'aller-retour. Nuit d'hôtel: entre 100 et 200euros. Trajet gare - centre-ville: 15 minutes à pied. Prix d'un ticket de bus: 2euros.

Un Flamand chambreur passe par là: «Les Wallons, c'est de la merde!» Philip rétorque: «Et les Flamands travaillent pour deux!» Ils se marrent. Je prends le conseil mais ayant déjà du mal à prononcer mon nom de famille d'origine flamande, je me contenterai d'entamer les conversations en anglais.

Avec sa chemise à carreaux et ce sourire qui est la forme même de son visage, Frederik semble abordable. «D'habitude je viens au stade avec mes clients, précise ce commercial dans le bâtiment. Aujourd'hui, j'attends des amis.» Yannick et son fils Vic débarquent. Surprise, ils sont abonnés du Cercle.

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Simon Mignolet, le gardien de but du Club Bruges, dédicace un maillot à une supportrice avant le match contre Anderlecht. (Léo Aupetit/L'Équipe)

Les Vert et Noir jouent dans quelques heures à l'extérieur pour éviter la relégation, alors ils ont opté pour cette invitation. Juste derrière les trois hommes, le buste d'Albert Dyserynck, ex-président du FCB décédé dans un accident de voiture en 1931. Cette stèle n'est qu'un fragment du grand monument d'hommage érigé à l'époque et financé en partie par le rival du Cercle.

Le trio s'est réuni sans le savoir en un lieu symbolique de cette solidarité entre frères ennemis. «Je préfère le Club lors des derbys mais je supporte la ville de Bruges avant tout. Certains sont plus radicaux dans la rivalité, pour moi ce n'en est pas vraiment une», développe Frederik.

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Ses amis cerclistes sont plus chauvins: picoler dans un verre à l'effigie d'Hugo Siquet, ancien Vert et Noir maintenant joueur du Club, met le papa «dans une situation difficile», rient-ils. Au fait, l'astuce de Philip fonctionne: après cinq minutes en anglais, la discussion bascule dans un français parfait. «On l'a appris à l'école», justifie Frederik (47ans).

Des chants s'extirpent du stade, que se partagent Club et Cercle depuis 1975. On a hâte de le découvrir tant le champ lexical du mot «vétuste» a été labouré par tous nos interlocuteurs. Il porte le nom de Jan-Breydel (qui a aussi sa statue au côté de Pieter de Coninck sur la Grand-Place), un des leaders des Matines de Bruges, un massacre des partisans du roi de France Philippe Le Bel dont les Flamands ne supportaient plus le joug au début du XIVesiècle.

Ambiance de rave-party

De l'extérieur, un bloc de béton gris, à l'intérieur, une architecture simpliste avec des tribunes très verticales à deux étages (donc on voit bien) et un petit toit de chaque côté qui laisse la part belle au soleil à cette heure zénithale. L'ensemble a un goût vintage appréciable.

«J'espère un jour pouvoir jouer dans un nouveau stade, nous confiera pourtant Hans Vanaken, capitaine et légende du Club (plus de 500 matches depuis 2015). Les toilettes, les infrastructures pour les supporters, c'est trop vieux. Et je crois qu'il y a une liste d'attente pour de futurs abonnés!» Ah, le sujet du «nouveau stade». Depuis plus de vingt ans et la volonté des deux clubs de déménager dans deux enceintes modernes, rien ne bouge par manque de terrains constructibles et opposition des résidents.

Pour le Cercle, le Jan Breydelstadion (29000 places) sonne creux (environ «7000 spectateurs», d'après Frederik). Pour le Club, il est plein. Au premier but, l'air de Seven Nation Army des White Stripes est repris à l'unisson dans une ambiance assourdissante à laquelle je ne m'attendais pas.

La légende veut que cet hymne sportif mondial («Po polo po po pooo po») l'est devenu grâce aux fans de Bruges avant un match de C1 face à l'AC Milan, en 2003. À la mi-temps, Anderlecht, mené 1-0, ne voit pas le jour. On s'en cache aussi en s'aventurant sous les tribunes.

Les stades

STADE JAN-BREYDEL (anciennement Olympiastadion), Koning Leopold III-laan 50, Brugge. Clubs résidents: FC Bruges et Cercle Bruges. Inauguration: 1975 (et 1998 dans sa version la plus récente). Capacité: 29022 places.
PROJET DU NOUVEAU STADE SITE OLYMPIA, Koning Leopold III-laan, Brugge. Club résident: FC Bruges. Inauguration estimée: 2027. Le projet a été validé par le gouvernement flamand et la ville de Bruges mais est contesté par des riverains au Conseil du contentieux des permis (verdict attendu courant août 2025). Capacité: 40000 places.

Aux abords des bars, décor de rave-party: les fans se refont les meilleurs moments de la première période sur de petits écrans plats d'une époque révolue, on nage dans les fumées de cigarettes et un DJ joue dans un coin des sons saturés. Dans la tribune Nord, on retrouve Philip qui nous présente ses amis wallons.

On se croirait presque dans une curva argentine, entassés là où débutent les chants. Certains sont en anglais, beaucoup nous sont traduits du flamand: «Tous les Bruxellois sont des losers!» Et, beaucoup plus choquant: «Qui ne saute pas est un juif.» «Le surnom des supporters d'Anderlecht», précise Philip.

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Bene, Belle ou Bibi, les trois ours mascottes du Club Bruges. (Léo Aupetit/L'Équipe)

Changement d'ambiance. Sur notre droite, un homme fait le salut de Kühnen. Un symbole néo-nazi pour lequel un groupe de supporters a été dissous par le Club en août dernier. Les chants antisémites, eux, sont l'oeuvre d'une majorité. «C'est un sujet délicat, expose l'historien Vanysacker. Je ne vais pas les défendre mais, pour contextualiser un peu, Bruges a été le premier club belge à avoir un joueur israélien (Ronny Rosenthal) donc ça n'a pas grand-chose à voir avec ça.»

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Avant de poursuivre : « Dans les années 1960, Anderlecht était le club riche, influent, et on a commencé à les traiter de «juifs». Ça n'avait pas une connotation choquante à l'époque mais aujourd'hui, on ne devrait pas pouvoir chanter cela. Certains jeunes supporters n'en ont pas conscience.»

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À Bruges, le sentiment d'appartenance à la cité l'emporte sur tout le reste. Symbole de cette solidarité, la stèle érigée devant le stade Jan-Breydel en hommage à Albert Dyserynck, ancien président du Club décédé dans un accident de voiture en 1931, et en partie financée par le Cercle. (Léo Aupetit/L'Équipe)

Depuis le courrier d'alerte du Comité de coordination des organisations juives de Belgique en 2017, une polémique a secoué Bruges lorsque en 2021, le jeune ailier Noa Lang (21ans alors) avait entonné l'un de ces chants avec les fans. «"Les Paysans" pour les supporters de Bruges, "les Bourges" pour ceux du FC Malines, "les Schtroumpfs" pour ceux de Genk et "les juifs" pour ceux du RSCA. Ce sont des surnoms bien souvent adoptés par les fans de l'équipe elle-même», avait dédramatisé le FC Bruges dans un communiqué.

Anderlecht, le vrai rival

«Boeren» («paysans») est un mot que l'on entend effectivement en boucle et en choeur après chaque but du Club. «Cela a débuté après un match contre Antwerp au début du XXesiècle, nous explique Vanysacker. Les supporters de Bruges avaient sauté sur les voitures des joueurs et des officiels d'Antwerp comme des bandits.»

Dans les journaux locaux, on les avait traités de «Boeren», de paysans sans la moindre éducation. Et les supporters du FCB ont fini par s'approprier fièrement le terme. «Les fans du Cercle sont "les Treuten", un terme qui désigne une femme qui passe son temps à se plaindre» (Vanysacker), utilisé pour se moquer quand ils pointent des erreurs d'arbitrage, par exemple.

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Hans Vanaken, le capitaine du Club Bruges, pénètre sur la pelouse avant d'affronter Anderlecht. (Léo Aupetit/L'Équipe)

Mais c'est bien la rivalité avec Anderlecht qui est la plus marquée. «Car ils ont gagné énormément de titres à partir des années 1960, avance le professeur de l'université théologique de Louvain. Et surtout, je l'ai même senti dans ma famille, en Flandre-Occidentale il y a longtemps eu un sentiment d'infériorité envers Bruxelles, la grande ville francophone. On disait: "Anderlecht a toujours de l'argent; Anderlecht influence les arbitres..."» La Flandre-Occidentale rurale, qui a son dialecte sous-titré par la télé flamande, a trop souffert du dédain des voisins plus urbains - même d'Anvers, dont le derby pour la domination des Flandres est surnommé «le hate game» («match de la haine»).

Le Club, la nouvelle place forte belge

Les choses ont bien évolué: Bruges est prospère avec le tourisme de masse qui investit ses maisons mitoyennes au pignon à gradins (cette forme d'escalier typique sur les toits), et le rapport de force sur le terrain s'est inversé. «Anderlecht est le club historique de Belgique avec son record de titres (34) mais le FC Bruges est le plus grand club depuis une décennie avec ses six titres (depuis 2016; 19 au total, et potentiellement un vingtième à l'issue des play-offs fin mai, ce qui lui permettrait d'arborer une deuxième étoile)», expose Valerie Van Avermaet, journaliste du Nieuwsblad.

Que peut-on visiter à Bruges?

Les canaux.«C'est Venise qui est la Bruges du Sud», d'après Frank, le capitaine pendant notre balade d'une trentaine de minutes sur les canaux qui sillonnent le bourg flamand. Cette visite en bateau offre le luxe de tout voir ou presque: de la place du marché aux poissons à la vieille cathédrale Saint-Sauveur, en passant par l'ancien hôpital Saint-Jean et la loge des bourgeois, sous une multitude de ponts et devant ces maisons colorées sublimes aux toits caractéristiques. Le guide alterne entre français et anglais et multiplie les anecdotes. Prix: 15euros.
Le musée Groeninge. Jan van Eyck, Hans Memling, Gerard David, Jérôme Bosch... Ces peintres - primitifs flamands - néerlandais du XVesiècle, dont certains tableaux sont mondialement célèbres, sont à découvrir en franchissant les portes de ce musée. Ils témoignent de l'influence artistique de Bruges au fil des siècles. Prix: 15euros.
Le beffroi. On n'entend que lui (son carillon compte 47 cloches!) et lui faire face sur la Markt (Grand-Place) est une invitation au défi: avec ses 366 marches, il offre une vue dominante en plein centre-ville, à 83 mètres de haut. Prix: 15euros.
La brasserie De Halve Maan. Les cartes des restaurants de Bruges listent plus de bières que de plats. Il serait dommage de ne pas chercher à comprendre le fonctionnement d'une brasserie, avec vue sur la ville au sommet, et dégustation au pied (il y a même une bière sans alcool). Prix: 16euros.

«Quand on voit les millions rapportés par la Ligue des champions... C'est plus qu'un âge d'or», savoure Philip. Les identités longtemps rattachées aux trois grands clubs belges contemporains - «le Standard de Liège réputé pour sa ferveur, Anderlecht pour sa finesse technique, et Bruges pour son pragmatisme et son travail», d'après Louis Janssen, journaliste du quotidien francophone La Dernière Heure - ces clichés, donc, sont périmés. En grande partie grâce à la gestion du président du Club, Bart Verhaeghe, un «Bekende Vlaming».

«C'est une expression un peu bizarre pour désigner ces Flamands très célèbres en Flandres uniquement. Un chanteur, un acteur, quelqu'un de la télé, nous explique Janssen. Verhaeghe est beaucoup critiqué en dehors de Bruges car il renvoie une certaine arrogance et a de l'influence à la Ligue. Mais Bruges est un exemple sportif et financier.» D'ailleurs, le Club s'impose 2-0 avec maîtrise.

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Les joueurs sont attendus par une cinquantaine de fans à la sortie du stade. Je suis frappé par cette proximité: sans passer par le moindre attaché de presse, Vanaken, le capitaine d'une équipe huitième-finaliste de la C1, se rend disponible pour nous parler de son attachement aux valeurs familiales du Club, alors que sa jeune fille le réclame. On n'oublie pas la bataille du Cercle pour une survie en D1. Le suspense dans son groupe de relégation pourrait le pousser à un barrage contre une équipe de D2. Émoussés par la Ligue Conférence, les Vert et Noir paient aussi leur inexpérience.

Le Cercle, l'équipe de la ville

«Pour nous, le plus important est de développer les jeunes talents, explique Louis-Philippe Depondt, le responsable communication. On verra ensuite s'ils peuvent être joueurs de Monaco ou vendus à un autre club.» À l'image de Radoslaw Majecki, gardien de l'ASM à l'issue d'un prêt d'un an en Belgique, le Cercle est un satellite du Rocher depuis 2017.

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Difficile de quitter Bruges sans déguster un poulycroc-frites. (Léo Aupetit/L'Équipe)

«On a un peu l'impression d'être un club numéro2», lâche Yannick. «Oui mais sans Monaco vous seriez encore en D2», complète son ami Frederik. «L'erreur serait de comparer le Cercle avec le Club, tranche Depondt. On a deux identités très différentes: le Club est une équipe nationale, le Cercle est l'équipe de la ville ("De ploeg van't stad"», le slogan). Les Brugeois supportent le Cercle, c'est quelque chose qui nous rend fiers.»

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«Le petit contre le grand, ça a remplacé la rivalité historique du catholique contre le libéral-socialiste», résume Vanysacker. L'un des clubs les plus vieux de Belgique (126ans) grandit à son rythme. Bruges est une ville de briques et de barques pleine de contrastes. Dans le centre, chants d'oiseaux et défilé des calèches sur les pavés sont tantôt couverts par les moteurs des voitures de luxe. Le bleu du ciel tranche avec le gris de l'eau. Jour de chance pour nous, c'est souvent l'inverse.

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